Gruul

Gruul

Les dragons, une race aussi complexe que les elfes, aussi ancienne que les nains et aussi versatile que les humains, adeptes du bien comme du mal, mais quoi qu'il en soit une race respectable et puissante. Si puissante qu'ils ne connaissaient pas la peur... jusqu'au jour où une créature cyclopéenne démesurée leur fit connaître la terreur, un Gronn à la puissance incommensurable, Gruul Dragonkiller !
Cet être, ancêtre lointain des ogres et révéré comme un dieu par ceux-ci, entreprit une éradication systématique des créatures ailées et dévasta leur rang. Alors, si même les terribles dragons frémissaient à l'écho de son rugissement, quelle force pourrait s'opposer à lui ? Fallait-il chercher parmi les démons ou les dieux pour trouver un adversaire à sa mesure ?
Non, face à tant de puissance et de brutalité, une seule chose pouvait vaincre : l'unité et le courage de valeureux aventuriers, l'intelligence de stratèges déterminés, la dévotion de soigneurs expérimentés, la résistance héroïque de ceux sur qui pleuvent les coups, la maîtrise magique de sorciers experts et la force de frappe déchaînée et implacable des maîtres d'armes... En un mot le Triumvirat !

Oyez, oyez, peuples d'Outreterre, en ce jour Gruul n'est plus, terrassé par la force de nos bras et de nos esprits.
Oyez, oyez, peuple des dragons, votre adversaire séculaire est abattu, mais vous n'avez qu'échangé une terreur contre une autre : Craignez le Triumvirat ! Car ceux d'entre vous qui s'opposeraient à nous périront aussi surement que Gruul.

Que disions-nous plus tôt ? Que seul un démon pourrait s'opposer à Gruul ? Justement parlons en des démons...
Dans une petite taverne de la Ville Basse, l'ambiance est à la fête, des mages discutent avec enthousiasme des effets comparés des magies du feu et du froid, un démoniste enseigne des tours de jonglerie à un diablotin malicieux, des chasseurs allongés au fond de la salle, la tête posé sur le flanc de leurs animaux-liens, devisent tranquillement, des prêtres et des paladins entament une discussion enflammée sur la vraie foi, des voleurs rivalisent à des jeux d'adresse, sur les terrasses les druides et les chamans se baignent aux rayons des soleils tandis qu'au comptoir les guerriers noient leurs contusions sous des litres d'alcool... cette assemblée respire le soulagement, la joie d'être ensemble et d'avoir survécu à un conflit de plus. Sur leur torse, deux chopines de bières illustrent leur fraternité conviviale, source de leurs victoires, l'allégresse est générale... générale ?
Non. A une table isolée quelques membres du Triumvirat discutent, ils ne sont pas soucieux et sombres, on lit encore sur leur visage la fierté d'avoir vaincu, mais au-dessus de cette satisfaction, une détermination frappante apparaît. Un hochement de tête commun scelle leur entente, et petit à petit des quatres coins de l'auberge, comme attirés par un appel inaudible, les membres du Triumvirat s'approchent de la table des officiers. Le silence se fait, lentement pour mesurer la solennité de l'instant. Jagang, à cet époque le chef du Triumvirat se lève, et prononce ces simples mots "Prochain objectif : Maghteridon !". La tension accumulée se libère alors et l'assemblée entière explose d'un "Hourra !" retentissant.
Allons Triumvirat ! Le monde n'a pas fini d'entendre parler de nos exploits !
Alors que la joie et la fête reprennent le dessus dans la taverne, y compris à la table des officiers, un être parait soudain soucieux et préoccupé, tripotant nerveusement la garde de ses dagues et marmonnant dans sa barbe. Jagang, intrigué, se penche alors vers le maitre stratège, un chasseur elfe à l'ouïe surdéveloppée : "Qu'est-ce qu'il baragouine notre barde?" et le chasseur de répondre "Rien, il râle qu'il va encore devoir écrire une épopée"...