Je me souviens

Je me souviens

Je me souviens de ce petit matin glacial où nous descendîmes du long bateau, transis de froid, pour poser le pied sur le sol gelé du Norfendre. Je me souviens de ce silence si particulier que la neige créé. Je me souviens des lumières et des couleurs de cette terre ingrate. Je me souviens de ce souffle de légende entourant nos ennemis Vrykul qui portent dans leur sang l'héritage des Titans.
Je me souviens de Vordrassil, le deuxième arbre monde, gisant déchiqueté, ayant succombé à la terrible malédiction de ce continent. Je me souviens du retour d'Arugal et de sa meute de loups-garous. Je me souviens de la lutte fratricide entre le vol de l'aile rouge et l'armée bleue consumée par la folie de Malygos. Je me souviens de la tribu des Kaluak et des longues heures de paix passées à pécher avec eux. Je me souviens d'Hemet Nesingwary toujours en chasse, je me souviens de Brann l'explorateur, retrouvant son frère Muradin devenu roi des Frostborn.

Je me souviens de ceux d'entre nous qui succombèrent au Mal, dont l'âme pervertie fut rempli de noirceur et qui devinrent les chevaliers du Fléau. Je me souviens de Tirion Fordring purifiant l'âme de Darion Mograine et de cette mer de lames d'ébène se levant contre leur ancien maître Arthas. Je me souviens de ceux qui revinrent parmis nous après cette rédemption, à jamais marqués, mais pleins de la même volonté que nous d'abattre le roi Liche.

Je me souviens du noble Seigneur Bolvar Fordragon perdant la vie, pris au piège entre les réprouvés et Arthas, je me souviens de nos larmes, de nos pleurs qui se mélèrent à la plainte funèbre des enfants d'Alexstraza.
Je me souviens de l'affrontement des dieux dont les échos font encore résonner le monde.
Je me souviens de tout cela... nous, nous souvenons tous de tout cela alors que nos pas nous amènent devant le trône de Kel'Thuzad.
Nous nous souvenons qu'il est un froid plus intense que celui du climat inhospitalier de cette contrée, un froid porté par la haine et le Mal, nous nous souvenons que nous avons tout sacrifié pour arriver ici et défaire le serviteur du Roi Liche... et nous savons que ce n'est que la première étape sur notre route jusqu'au prince Arthas.

Nos souffles embuent notre vision, nos corps souffrent de gelures intenses, les membres deviennent gours, nos jambes nous portent à peine, nos mains se crispent de froid sur nos armes, l'air est plus épais qu'un linceul et pourtant nous avançons, portés par tout ces souvenirs, toute cette histoire, toutes ces histoires qui nous on construit et ont fait de nous une armée conquérante. Un sourire ironique apparait sur le visage de certains, ils se souviennent... ils se souviennent d'une bataille passée et victorieuse. Al'ar le dieux Phénix, où c'est le feu et la chaleur intenses qui nous avaient mis à mal. Nous nous souvenons d'avoir résisté aux éléments et d'avoir triomphé. Et en ce jour, Kel'Thuzad aura beau transformer l'air en glace, il tombera aussi surement qu'Al'ar tomba.

D'un air sadique, Rice plonge sa main au fond de son sac pour en ressortir une boule de poil furieuse, miaulante et crachante, Mr. Bigglesworth, une créature inoffensive mais aussi remplie de haine que son maître. Une simple pression de sa main gainée d'acier suffit à envoyer l'animal rejoindre l'enfer des félins pour y subir une éternité de tourments en compagnie de Sher Khan, Azraêl et Garfield. Tombant le masque de son impassibilité, Kel'Thuzad se lança plein de colère, de fiel et de rage contre le meurtrier, il ne put faire que quelques mètres avant que le général Fahaz ne l'intercepte, se dressant face à lui et le défiant du regard. Instantanéement le sang, presque figé par le froid, se remis à pulser à grand bouillons dans les artères des combattants, une poussée d'adrénaline parcouru leur corps et serrant les dents ils se jetèrent à l'assaut de la puissante liche.

Je ne me souviens de rien de précis, le combat fut long, très long, plus il durait plus nos forces s'amenuisaient et plus celles de Kel'Thuzad et de ses séides semblaient croître. Cependant, nous tenûmes bon, économisant notre souffle, sans un cri, sans frayeur, dans la plus pure concentration, dans cet état, proche de la transe communautaire, que seul des compagnons ayant si souvent combattu et souffert ensemble peuvent atteindre. Je ne saurait dire à quel moment le combat bascula, mais la ferveur de nos coeurs, sembla soudain réchauffer spontanéement l'atmosphère. La liche appela ses séides à sa rescousse, mais rapidement isolés par Aduun et Morzy, il ne purent intervenir alors que leur maître subissait l'assaut implacable de notre acier et de nos sorts. Peu à peu la consistance de Kel'Thuzad sembla s'effilocher, au centre de sa carcasse son pylactère commençait à se craqueler, puis à bout d'énergie se brisa net, libérant l'âme torturée de son corps maudit et libérant le monde d'une engeance maudite.

Arrogant jusqu'au bout Arthas sur son trône d'acier ne prete même pas attention à l'évènement, l'élimination de son vassal ne le préoccupe pas le moins du monde tellement il est convaincu de sa suprématie, les responsables sont pour lui insignifiants, Troïka n'évoque absolument rien pour lui... et pourtant...

Je me souviens... je me souviens d'un géant de feu nommé Ragnaros... je me souviens de Lady Prestor, Onyxia... je me souviens de Lord Nefarius... je me souviens d'un dieu que l'on appelait Hakkar... je me souviens d'un dieu nommé Ch'tun... je me souviens du Prince Malchezaar... je me souviens De Gruul Tueur de Dragon... je me souviens du Démon Maghteridon... je me souviens de Lady Vashj... je me souviens de Kael'Thas... je me souviens d'Illidan Stormrage, lui comme tout les autres pensait que nous n'étion rien, que nous n'étions pas une menace, que nous n'étions pas prêts... Mais nous le sommes ! Une fois de plus nous le prouvons ! En ce jour notre armée marque une nouvelle fois l'histoire des Royaumes de son nom et de son empreinte ! Alors souvenez-vous ! Souvenez-vous de notre nom ! Troïka !