(L)âmes Jumelles, par Shaarluun

(ptet pour une meilleure lecture, vous pouvez lancer ce titre juste avant de commencer^^ )






Et soudain il tomba…





Le temps semblait s’être arrêté.

Très lentement, Le Traître chutât.

On entendit un froissement d’ailes, et Illidan s’effondra de tout son poids, manquant d’écraser le crâne de Gul’Dan qu’il tenait encore d’une poigne féroce.
L’impact avait été particulièrement violent, d’un bruit sourd le sol avait tremblé... il résonne encore dans ma tête.

Il nous maudît tous dans un dernier râle, avant d’enfin relâcher le crâne.
Et ce fût le silence…


Si lourd qu’on aurait pu entendre la poussière retomber sur le sol de dalles, tout juste ensanglantées par le combat.
Combat qui s’était déroulé en un éclair !



Après avoir enjambé les corps des champions du conseil illidari nous nous étions retrouvés bloqués par une dernière porte.
Mais Akama nous attendait… il ne semblait pas surpris de nous retrouver ici, la libération de son âme captive l’avait convaincu de notre potentiel.
Et avec l’aide de ses deux frères, il put nous ouvrir l’ultime rempart qui protégeait le Traître.

Le sceau magique fut brisé et nous nous ruâmes discrètement dans les escaliers conduisant à la terrasse supérieure du Temple Noir.
Je m’efforçais à calmer les battements de mon cœur, on aurait pu prédire qu’un important événement allait avoir lieu de manière imminente.
Arrivés en haut nous vîmes Illidan Hurlorage, qui semblait perdu dans un curieux monologue avec le crâne de Gul’Dan…

Il semblait avoir eu écho des derniers affrontements, car lui non plus ne sourcilla.
Même la « trahison » d’Akama et des autres Ligemorts Cendrelangues ne lui faisait que peu d’effet.

« J’aurai du tous vous tuer. Toi et tes frères déformés…tss vous n'êtes pas prêt !» Maugréa t’il.

C’est sur cette dernière phrase que commença le mortel ballet.
Akama se jeta sur lui, ne se souciant plus de sa propre vie… mais c’était sans compter sur la Troïka.
Rapidement la danse se mit en place, ponctuée d’ordres brefs mais suffisants, l’Art de la guerre était une habitude pour le groupe désormais.

Illidan fut forcé de reporter son attention sur un minuscule humain, ridicule dans son armure brillante, bien que maculée du sang encore tiède des champions illidari.

Il enrageait que ce dernier lui tienne tête! Seulement ce n’était pas une personne mais une entité de vingt-cinq combattants unis qui lui faisait face.
L’affrontement semblait très légèrement à notre avantage, mais faudrait-il encore le tenir sur la durée.

La lutte continuait et aurait pu s'éterniser...
Jusqu'à ce que par miracle La Gardienne apparaisse, rattrapant enfin la proie qui lui avait échappée pendant si longtemps.
Illidan avait fort à faire avec cette nouvelle furie, sa tempête de lames s’ajoutant aux nôtres et au déluge des sortilèges, le tout s’abattant implacablement sur lui.
Nous avions nettement l'avantage désormais, la conclusion était proche...



Puis tout aussi lentement que fût la chute du démon, le crâne roula sur les dalles jusqu’aux pieds d’un gnome…
L’air autour de lui était encore chargé de magie, comme s’il avait été interrompu dans le lancement d’un sort.
Par réflexe il stoppa le crâne du pied, mais n’osa pas le saisir.
Celui qui avait ordonné les troupes avec rigueur semblait face à un choix difficile, une hésitation obscurcit un instant son regard, qui restait encore vague.

La Gardienne Noire nous considéra tous puis le dévisagea, nous étions encore hébétés mais elle ne ménagea pas ses paroles :

« Ne sous-estimez pas la puissance de cette relique. Ou comme ce pauvre fou vous finirez corrompu jusqu’à l’âme ! »

L’avertissement avait fait son effet : Bouzouf fixait désormais la Gardienne.
Il était calme, défroissant légèrement sa robe, une respiration passa.

« Je suis sorti seul de Gnomeregan, tandis que le chaos de l’invasion Trogg se répandait… » Murmurait le gnome, avant de repartir d’une voix forte, de manière à ce que chacun l’entende distinctement :
« Mais c’était il y a longtemps. Aujourd’hui j’ai confiance dans les compagnons qui sont ici, et ils me font confiance également.
Alors je résisterai, et jamais ne me laisserai consumer par une telle soif ! –J’suis pas un elfe de sang didju-
Chez nous notre devise c’est… « De prendre le temps » reprit tout le groupe au même moment, ce qui le fit sourire.

Avec une détermination nouvelle, il reposa ses yeux sur le crâne qui rougeoyait faiblement.
Il le saisit doucement, entre respect et fermeté, et déclara :
« Voyez Gardienne, cette relique ne sera qu’un outil de plus pour nous. Et même dans la plus obscure éventualité, je sais que tout mes compagnons seront la au cas où. »

Maïev eu un petit rire, puis répliqua :
« Au vu de ce combat votre groupe semble avoir la force pour cela, peut-être bien oui.
Mais prenez garde ! S’il advenait que vous faiblissiez…je n’hésiterai pas à vous pourchasser comme je l’ai fait avec ce traître ! »

Puis elle remis sa cape d’un geste impérial, la discussion était close.

Elle reparti avec le corps d’Illidan, celui-ci avait dailleur retrouvé sa forme d’elfe originel.
Mais l’étreinte de la Gardienne était particulière, on aurait pu croire qu’elle versait une larme sur le corps d’un amant de longue date.
Ayant enfin atteint celui qu’elle poursuivait avec tant de zèle, avec la mort de cet homme elle n’avait plus de but; il n’y avait peut-être pas que de la haine dans sa rage de le retrouver…
Finalement elle disparue avec en bondissant par dessus le rebord de la terrasse.


La tension commençait seulement à retomber, les muscles se relâchaient et chacun parcourait l’assemblée du regard…nous l’avions fait ! nous l’avions fait !!

« Les Lames Jumelles d’Azzinoth ont été vaincues ! »
« Hourra ! »
« Comment on l’a poutré l'elfe ! » Jura même un nain.

Partout la joie prenait le pas sur la fatigue, les chasseurs soignaient leur familier tout en discutant abondamment, on nettoyait ses armes, guérissait les blessures restantes…

Mais pour ma part j’étais encore hébété, assourdis par le récent combat, ce brouhaha me faisait le même effet qu’avoir la tête plongée sous l’eau.
Déposant mes lames qui vibraient encore légèrement au sol, je m’asseyais et m’adossais à un des piliers de roche de la terrasse, puis fermais les yeux afin de récupérer peu à peu mes autres sens.

Respirant lentement et profondément, le silence revint doucement.
Mais à la mesure de ce silence je percevais un rythme grandissant…comme un tambour.
Il s’agissait en fait des battements de mon propre cœur, mais, curieusement le rythme résonnait comme si un écho plus faible me parvenait.

Étrange... j’était habitué à garder mon sang froid en plein milieu de la bataille, mais la il s’emballait à nouveau.
Lentement je rouvris les paupières, et je croisais son regard.

Le temps semblait s’être arrêté.

Durant le combat elle avait sut créer un îlot de paix autour d’elle, permettant aux blessures de cicatriser avant même d’être douloureuses. C’est un des divins pouvoirs qu’Elune lui a offert, en plus de sa grâce.

Haewïa était assise non loin, et nuls mots n’étaient nécessaires, elle se leva et s’approcha lentement dans sa robe légère. Elle s’assit à coté, laissant reposer sa tête sur mon épaule. Nous regardions dans la même direction, loin au delà de la terrasse.
Je pris une longue inspiration, la relâchant lentement à la mesure de ce simple moment de bonheur, puis je passai le bras autour d’elle, l’attirant un peu plus prêt.

Ma douce prêtresse semblait elle aussi éprouvée par le dernier affrontement, il avait été d’autant plus rude pour celles et ceux qui s’efforçaient de maintenir le groupe en vie.
Reposant sur moi à présent, elle se tourna et je plongeais dans son regard. Posant l’index sur mon menton elle le laissa courir, effleurant doucement la peau en m’attirant vers elle.
Avant que nos lèvres se rencontrent elle s’arrêta pour me chuchoter :
« T-t-t-t-t-t, c’est qu’il est sérieusement blessé mon furbolg… Il va falloir un énorme câlin pour soigner ça. » Achevant la phrase de son rire magnifique. Nous échangeâmes un délicat baiser.

Avant j’étais une carapace aussi vide qu’un réprouvé.
Le combat était mon seul horizon, je n’étais qu’une arme, certes efficace mais sans âme…

C’était alors que la troupe explorait l’antique Mont Hyjal, que je l’ai aperçut pour la première fois, sa lumière m’éblouit comme un soleil, et depuis ce soir la j’ai compris qu’il fallait la protéger comme elle nous protège.
De corps vide sans but j’avais soudain eu envie d’exister, ce cœur autrefois battu par les vents avait été libéré, ces derniers chassés au loin…d’un sourire.

Avant j’étais peut-être féroce dans la bataille, mais maintenant je le suis encore plus, ayant une raison de combattre, un avenir à protéger.
La savoir non loin est un encouragement et un réconfort, au point que j’en oublie mes craintes. La sentir contre moi est un sentiment indescriptible, comme un instant d’éternité. Je ne saurais donc vous décrire la suite.
Si ce n’est que pelotonné l’un contre l’autre on aurait dit deux félins ronronnant en chœur.

Les lames d’Azzinoth étaient peut-être tombées…mais qu’importe, nous avions trouvés nos âmes jumelles et cela valait bien plus.



Plus loin les réjouissances se poursuivaient :
« Bièeeeeeeeere ! » Hurla un nain à la voix familière, tout en perçant un tonneau qu’il avait tenu à emporter avec lui.
« Ouais ! Faut qu’on fête ça dignement ! » Lança un autre.
« Ramenez vous tout le monde ! »
« Parait qu’à Shattra y a un concert des Tauren Chieftain en plus. »

La nuit sera longue ce soir pour la troupe.


Cette menace était désormais écartée, seulement on avait tous conscience au fond de soi que d’autres périls attendaient patiemment, dans un avenir encore sombre et froid…
Mais c’est l’espoir de la Lumière qui nous guide, et nul ne saurait arrêter notre élan ! Pas même un certain Roi Liche…