La bataille du Mont Hyjal Chp I

Les portes du temps

Chapitre I : J'ai bien connu Jaïna... très bien

Une main douce et fraîche se posa sur son front. Ebloui par le soleil couchant, le général Fahaz ouvrit les yeux en cillant. Se redressant, dans la lumière déclinante, il distingua le visage d'une femme magnifique penchée au-dessus de lui. Un visage qu'il n'avait plus vu depuis son enfance, le visage d'une petite fille que la destinée avait éloigné de lui, le visage de la femme la plus célèbre de l'Alliance.
"Cou... Cousine... Jaïna... mais où suis-je ?"
"Dame Proudmoore, vieux frère, un peu de respect pour l'héroïne de l'Alliance" L'air goguenard, Vagnaard le prêtre cligna de l'oeil au général. "Même si c'est ta cousine et que vous avez ensemble fait les quatre cent coups, il faut respecter l'étiquette"
"Mais c'est impossible ! Tu devrais être sur l'autre continent, quelle est cette malédiction" s'exclama le général.
"J'aimerais bien le savoir" répliqua Bouzouf le maître stratège, d'un ton sinistre.
Fahaz regarda alors tout autour de lui, l'inquiétude s'atténua quand il constata que tout ses compagnons étaient là, se réveillant doucement aussi stupéfaits que lui, à l'exception d'un seul, le nain Morzy qui, trouvant le sol fort confortable, grognait "Laissez moi dormir !" à l'attention de Yeshua et Adagon qui tentaient de le relever.

Se rassemblant derrière le général, vieux réflexe acquis au cours d'innombrables combats, les compagnons étudièrent leur environnement. Ils se trouvaient dans une petite base de l'armée de l'Alliance, non loin de la région de Gangrebois et du Berceau de l'Hiver, bien que nul ne reconnaisse exactement les lieux.
"Mais dans quel monde sommes nous tombés !" s'exclama le capitaine Walrick. Une ombre dans son dos lui répliqua dans un murmure "Demande toi plutôt dans quel 'temps' nous sommes tombés... regarde". Suivant des yeux le doigt pointé sortant des ténèbres, le capitaine distingua au loin la silhouette géante et monumentale de Nordrassil l'Arbre-Monde. Un instant de stupéfaction mêlé de profonde déférence s'empara de nos compagnons.
Jaina choisit cette instant pour prendre enfin la parole et s'imposer à la situation. "Je ne sais qui vous envoie, mais peu importe, en ce jour les races de tous les royaumes se sont unies contre l'ennemi démoniaque. Vous êtes des combattants, vous vous battrez à nos côtés, l'avenir du monde en dépend, c'est la bataille finale".
Nul ne songea à contester cet ordre impérieux de se battre, seul le barde de la troupe se permit de répliquer sarcastiquement "finale, finale... pas si finale que ça en fait" avant que Jaina ne le foudroie des yeux. Sans se départir, il affronta le regard de l'archimage avec un sourire charmeur. "Vous êtes si belle lorsque vous êtes en colère. Mes dagues sont à votre service... toutes mes dagues..." Son sourire se transforma en grimace lorsqu'Haewia lui enfonça son coude dans les cotes "Cesse ton numéro, barde !" Ces pitreries détendirent l'atmosphère et tout le monde s'esclaffa, un sourire vint même affleurer sur le visage de Jaina.

Les habitudes de combat, chèrement acquises, reprirent vite le dessus. Le visage du général se ferma, le regard perdu à l'horizon il rassembla ses forces et sa volonté, s'isolant dans son monde intérieur. Pendant ce temps le capitaine Walrick et le stratège Bouzouf s'enquérirent des adversaires qu'ils allaient devoir affronter et dressèrent leur plan de bataille. Ils se fixèrent rapidement sur la variante X22 de la défense dites du "tapis sacré" : Une stratégie mettant les paladins de la troupe au centre du dispositif, tandis que les guerriers occuperaient les ailes et que les furtifs prendraient l'ennemi à revers.
Quelques temps plus tard, l'heure du combat approchait, la tension montait inexorablement, chacun sentait son coeur résonner dans sa poitrine, les mâchoires se crispaient, tous avaient conscience qu'ils étaient à la croisée des temps, que de leur succès dépendait nous seulement l'avenir mais aussi leur propre passé qui pouvait basculer dans le néant.
Une ombre se pencha par-dessus l'épaule de Jaina "Dame, un baiser pour me porter chance ?" demanda le barde. A la surprise de tous, la thaumaturge lui accorda un bref contact à la douceur de ses lèvres. Re-disparaissant dans les ombres en jubilant, le barde passa parmi les rangs de ses compagnons en murmurant "Faut vraiment qu'on gagne, j'ai une touche !" Cette nouvelle pitrerie , permis une nouvelle fois d'apaiser les angoisses des combattants et c'est le sourire au lèvres qu'ils firent face à l'horizon où déjà deux armées avançaient vers eux.

Rapidement la stratégie X22 s'avéra gagnante, les paladins attirant le gros des opposants sous le déluge magique des mages, Malagen, Yeshua et Bjorken semaient moult graines de corruption occasionnant de nombreux dégâts, les guerriers affrontaient des morts-vivants de grande taille sans faiblir une seconde, les chasseurs attiraient les capitaines ennemis sur de fausses pistes où ils ne trouvaient que la mort, tandis qu'embusqués, les assassins décimaient les magiciens adverses. Rendu fou de rage par l'efficacité du carnage sur ses troupes, la puissante liche Rage Winterchill elle même se précipita à l'assaut, semant mort et corruption. Mais avec Jaina à leur coté nos compagnons abattirent rapidement le général adverse. Ils n'eurent guère le temps de récupérer, déjà la deuxième armée descendait des collines environnantes.
A leur tête, Anetheron, le plus puissant des Nathrezim, Tichondrius excepté. Une nouvelle fois, les membres de la Troïka se débarassèrent sans difficulté des séides du démon, et rapidement il se retrouva seul face à Jaina et ses nouveaux alliés. Le général Fahaz lui fit face, pas un seul instant il ne fléchit sous les coups de la créature. S'occupant des créatures infernales invoquées par le démon, les guerriers, mages, chasseurs, démonistes se battaient loin de lui. Seuls demeuraient à ses cotés, ses soigneurs et le groupe des assassins dont les armes venaient laborieusement a bout de l'épaisse cuirasse du monstre. Abandonnant son bouclier, le général se livra à l'exécution finale, et dans un souffle méphitique, Anetheron s'écroula.

Il ne restait guère d'hommes valides parmi les troupes de Jaina, mais la victoire était acquise et la trajectoire du temps était, pour l'instant, maintenue. Une fois les blessures pansées, les morts pleurés, une question s'imposa aux membres de la Troïka, et c'est le jeune Phenixo qui l'exprima pour tous "euh... au fait, on fait comment là pour rentrer ?" Rohania la prêtresse elfe lui répondit "Si tu veux mon avis, notre tâche en ces temps n'est pas encore finie..." Effectivement au loin, se dirigeant lentement vers le camp retranché de la horde, qui était en ce lieu et en ce temps leur alliée, luisaient les feux d'une nouvelle armée démoniaque. La soirée s'écoula autour d'un repas dédié aussi bien à la victoire du jour qu'aux combats à venir. Et tous se couchèrent bien tard.

Un coup de pied rude dans son tibia réveilla le général. "Oh non pas encore" s'exclama-t-il, constatant qu'à nouveau il se réveillait sur le sol d'un camp fortifié, au beau milieu de ses compagnons. Une différence cependant, pour accueillir son réveil, il ne s'agissait pas cette fois du doux visage de sa cousine Jaïna, mais du visage dur et impressionnant du plus grand héros de la horde : Thrall. L'orc gigantesque lui fit face, du coin de l'oeil Fahaz distingua des ombres, ses ombres, faire le tour de Thrall. Sans agressivité, le général de la horde donna une grande claque dans le vide ou plutôt dans ce qui semblait être le vide, éparpillés par le coup les assassins sortirent des ombres. Puis l'orc de sa voix rocailleuse s'adressa au guerrier qui lui faisait face "Vous là pour battre avec nous pas contre nous, pas besoin petites ombres mortelles dans mon dos" et il abattit l'énorme battoir lui servant de main sur l'épaule de Fahaz pour lui donner l'accolade des guerriers.

Fin du chapitre I